A voir dimanche 20 novembre 2016 à 21h sur C8 |
Champion du box office en 2001, «Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain» constitue le deuxième long-métrage de Jean-Pierre Jeunet (né en 1955) sans Marc Caro, après «Alien la résurrection» (1996). De retour d’Hollywood où il a su tirer son épingle du jeu, le coréalisateur de «Delicatessen» (1990) retrouve sa productrice favorite, Claudie Ossard, pour tourner un film dont la «french touch» est volontairement très appuyée.
Très habile, la première demi-heure fait irrésistiblement à du très bon Sacha Guitry; reprenant le procédé de la voix off pince-sans-rire et omnisciente cher à l’auteur génial du «Roman d’un tricheur» (1936), Jeunet retrace l’enfance malheureuse de son personnage principal, l’ingénue Amélie Poulain. Situant son «fabuleux destin» dans un Paris onirique, qui évoque le réalisme poétique du tandem Carné-Prévert, il emballe son récit avec moult effets sonores et visuels que Louis Malle avait déjà expérimenté sur «Zazie dans le métro» (1960). Entre nous, Audrey Tatou (qui joue le rôle d’Amélie) aurait fait une très bonne Zazie adulte, tant elle semble prolonger la fausse ingénuité de Catherine Demongeot (l’interprète de la Zazie de Malle).
On l’aura compris, Jeunet n’invente rien, sinon qu’il accumule des références comme s’il avait tenu à prouver son identité d’auteur «à la française», en dépit de son escapade américaine! Cela n’empêche! L’on goûte toujours sa galerie de «gueules» dont les petites mesquineries ne feront jamais la une des grands quotidiens. Cet effet de loupe accentué par un recours à l’écran large sur des petites gens exerce encore auourd’hui un charme singulier, avec ces raccourcis cinglants dictés par la voix off (merci encore à Monsieur Guitry) et des acteurs secondaires formidables: les Rufus, Dominique Pinon, Maurice Bénichou, Serge Merlin, Yolande Moreau et autre Urban Cancelier!
Après avoir fait les présentations, Jeunet tarde quand même un peu trop à passer à l’action. Éduquée dans le malheur, son Amélie découvre donc qu’elle peut faire le bonheur des autres et s’y applique avec entrain. Mis en appétit par les prémisses du «fabuleux destin», l’on a finalement peu à se mettre sous la dent, exception faite d’une historiette d’amour conventionnelle.
de Jean-Pierre Jeunet
France, 2001, 2h