A voir lundi 19 septembre 2011 à 0h55 sur Arte
Dans les années soixante, le cinéma tchécoslovaque contribua de façon formidable au défunt Printemps de Prague, en faisant fleurir un merveilleux bouquet de photogrammes libres et insolents, signés Milos Forman, Ivan Passer, Jan Nemec, Evald Schorm, Jiri Menzel et autre Vera Chytilova. Depuis peu, l’apparition de jeunes et nouveaux auteurs tchèques laisse espérer un retour de cette belle saison, à l’instar du réalisateur Bohdan Sláma dont nous avions déjà beaucoup apprécié les deux premiers films, «Les abeilles sauvages» (2001) et «Something Like Happiness» (2005), âpre chronique de la survie morale à l’ère post-socialiste. Avec «Country Teacher» (2008), son troisième long-métrage, Sláma signe une nouvelle réussite qui, cette fois, délaisse le milieu urbain délité de ses œuvres précédentes pour une campagne assez riante dont il ne gomme pas pour autant certaines rugosités.
Jeune homme taiseux au physique un peu mou, Petr (Pavel Liska) a mystérieusement quitté un prestigieux lycée pragois pour aller enseigner les sciences naturelles dans une très modeste école de campagne. Par petites touches, le cinéaste révèle les raisons qui ont poussé à pareil exil ce scientifique pourtant promis à une brillante carrière: quelques différends à régler avec sa famille, son métier et, surtout, sa propre personne! Privilégiant les plans-séquences à la fluidité impressionnante, le cinéaste immerge son protagoniste dans un monde paysan qu’il décrit sans aucune mièvrerie. Nouant des liens amicaux avec les «autochtones», dont une fermière esseulée qui ne s’en laisse pas conter, Petr trouvera un certain apaisement, à défaut d’une véritable réconciliation avec lui-même… En résulte une chronique pastorale au charme indéniable, dans sa manière d’échapper à la bête caricature rurale, mais très loin de tout idéalisme bucolique.
Venkovský ucitel / Country Teacher
de Bohdan Sláma
République tchèque / France / Allemagne, 2008, 1h55