Ariane, jeune fille russe

A voir dimanche 6 novembre 2011 à 0h26 sur France 3

Enfant, le cinéaste allemand d’origine austro-hongroise Paul Czinner (1890-1972) était à ce qu’on raconte un violoniste prodige. Préférant le théâtre puis le cinéma à la musique, il a laissé à la postérité une œuvre plutôt éclectique, marquée par le «Kammerspiel», ce «théâtre en chambre» privilégiant l’analyse fine à la symbolique binaire de l’expressionnisme finissant de l’époque. Montré dans le cadre du tardif mais indispensable «Cinéma de minuit» sur France 3, «Ariane, jeune fille russe» a été tourné au tout début du parlant où il n’était pas rare de tourner plusieurs versions linguistiques du même film, mais avec des acteurs différents, la technique du doublage n’ayant pas encore été mise au point. Une trentaine de coproductions entre la France et l’Allemagne (dont le célèbre «Opéra de quatre sous» de Brecht et Weill porté à l’écran par Pabst) a bénéficié de ce régime de faveur. Une année après avoir mis en boîte la version allemande (sorti en 1931 sous le titre «Ariane»), Czinner a filmé son équivalent avec des vedettes françaises de l’époque, en ne modifiant que très peu le scénario de ce mélodrame «en intérieurs» tiré du roman de Claude Anet… Séduisante étudiante russe venue séjourner à Paris, Ariane (Gaby Morlay) fait la connaissance d’un séducteur bien plus âgé qu’elle (Victor Francen). Tombée sous le charme de ce dernier, elle s’invente une nouvelle personnalité en feignant d’être volage et ingénue. Au-delà du style du jeu qui a un peu vieilli, subsiste un regard d’une étonnante acuité psychologique, qui fait ce film rare bien plus qu’une curiosité de cinéphile antiquaire!

de Paul Czinner
France / Allemagne, 1932, 1h25