A voir dimanche 15 janvier 2012 à 0h21 sur France 3
Responsable de l’excellent «Cinéma de Minuit», le précieux Patrick Brion nous propose de découvrir dans le cadre du cycle «Italie, terre de contrastes», «Les Héros du dimanche» («Gli eroi della domenica») réalisé en 1954 par Mario Camerini (1895-1981). Peu connu hors de l’Italie, Camerini a pourtant été avant-guerre l’un de ses cinéastes majeurs (avec Alessandro Blasetti et Raffaello Matarazzo).
Auteur de plus de cinquante longs-métrages réalisés entre 1923 et 1972, Camerini a participé de façon passionnante à l’évolution du septième art italien, du muet au parlant, du noir et blanc à la couleur, jonglant avec les genres, signant dans les années trente, notamment de très bonnes comédies où il a dirigé un jeune premier nommé Vittorio de Sica…
Revus aujourd’hui, des films comme «Les Hommes, quels mufles!» («Gli uomini, che mascalzoni!», 1932), «Monsieur Max» («Il signor Max», 1937) ou «Les Grands magasins» («Grandi Magazini», 1937) frappent par leur modernité annonciatrice du néoréalisme. Opposé au fascisme, Camerini s’est toutefois résigné à délaisser durant la guerre cette veine très réaliste au profit d’adaptations littéraires mieux tolérées par la censure mussolinienne. A la Libération, le réalisateur des «Fiancés» («I promessi sposi», 1941) a poursuivi sa carrière, mais sans vraiment renouer avec sa verve d’autrefois, exception faite d’une adaptation passionnante de l’Odyssée, avec Kirk Douglas dans le rôle d’Ulysse.
Dans l’œuvre de Camerini, ce quarante-et-unième long-métrage est donc un film mineur, mais qui n’est pas pour autant dénué d’intérêt et ce, pour au moins trois raisons: primo, c’est l’un des rares films italien à se dérouler dans l’univers du calcio (football). Secundo, il permet de (re)découvrir une pléiade de grands acteurs transalpins de l’époque complètement oubliés aujourd’hui, exception faite de Marcello Mastroianni bien évidemment! Songeons à Raf Vallone, Cosetta Greco, Paolo Stoppa, Franco Interlenghi et autre Marisa Merlini… En regard des affaires de matchs truqués qui se multiplient depuis quelques temps, l’intrigue des «Héros du dimanche» prend également une actualité très savoureuse…
Attaquant d’une équipe sur le point de monter en seconde division, Gino Bardi (R. Vallone) est en effet très tenté par sa petite amie qui lui propose de pas moins de trois cents millions de lire pour «perdre» un match capital!
Gli eroi della domenica
de Mario Camerini
Italie, 1952, 1h29