My Blueberry Nights

A voir mardi 14 février 2012 à 22h55 sur TSR1

Wong Kar-Wai aurait-il atteint son zénith avec «In The Mood for Love» (2000), mélodrame soyeux aux drapés sublimes, qui lui avait valu à juste titre une reconnaissance internationale? Son film suivant, «2049» était une coquille un peu vide, la faute à une esthétisation forcenée, conférant à ses protagonistes des allures de pantins tristes. Avec «My Blueberry Nights», le réalisateur chinois infirme seulement en partie cette hypothèse alarmiste. Le premier film américain de Wong Kar-Wai dissémine en effet ci et là quelques pépites valant le détour, dont l’un des plus beaux baisers de cinéma jamais filmés, ce qui n’est quand même pas rien!

Tout commence à New York, sur ce baiser, échangé entre un patron de bar (Jude Law) et une cliente éplorée prénommée Elizabeth (Norah Jones), dévastée par une rupture amoureuse. Filmée sous tous les angles, cette étreinte improbable constitue quasiment un court-métrage en soi. Inconsolable, la jeune femme prend le large et sillonne les Etats-Unis. Devenue serveuse à Las Vegas, Elizabeth recueille à son tour quelques brèves de comptoir à fendre le cœur…

Au final, ce qu’il y a peut-être de plus fascinant dans «My Blueberry Nights», c’est la manière, pleine de superbe, dont Wong Kar-Wai ignore les Etats-Unis. Film de chambre, son neuvième long-métrage répète à satiété les trouvailles visuelles qui ont forgé son style hongkongais (reflets, ralentis, volutes oniriques et compagnie). Au contraire de «Happy Together» (1997), qui plongeait deux homosexuels chinois amateurs de tango dans une réalité argentine fort peu jouasse, le cinéaste annexe de façon très chic quelques icônes déchues du rêve américain. Par chance, un deuxième baiser conclut ce film un peu vain.

de Wong Kar-Wai
France / Chine / Hong Kong, 2007, 1h35