La Vie de bohème

A voir dimanche 19 février 2012 à 0h16 sur France 3

Cofondateur de la Cinémathèque française en 1936, Marcel l’Herbier a été avant-guerre l’une des figures de l’avant-garde française, dite impressionniste, avec des films d’une grande audace formelle comme «El Dorado» (1921), «L’Inhumaine» (1924) et, surtout, «L’Argent» d’après le roman de Zola.

L’avènement du parlant anémie son sens pourtant poussé de l’expérimentation. L’Herbier tourne des films policiers, tirés de Gaston Leroux, où il fait preuve d’une belle maîtrise technique, mais qui restent très classiques. Sous l’Occupation, le réalisateur de «Feu Mathias Pascal» peut poursuivre sa carrière, mais se cantonne prudemment à un cinéma superficiel, fait de rêverie et d’évasion, évidemment très éloigné de ses œuvres de jeunesse.

Film à costumes tiré du roman d’Henri Murger, «Scènes de la Vie de bohème» publié en feuilleton de 1847 à 1849, le quarante-troisième film de L’Herbier reprend dans les grandes lignes la trame du livre. Il fait entendre aussi la musique que Puccini a composé entre 1892 et 1895 pour son célèbre opéra, notamment dans la scène finale où Mimi revient mourir dans les bras de Rodolphe.

Outre qu’il permet de revoir des acteurs mythiques de l’époque (Louis Jourdan, Suzy Delair, Roger Blin…), «La Vie de Bohème» constitue une vraie curiosité et un acte de résistance déguisé. Sous couvert d’un film ancré dans une époque révolue, L’Herbier rend clairement hommage à une culture française très spécifique, se permettant même de glisser quelques slogans fort peu pétainistes («Vive la République», «Vive l’Espérance»…).

de Marcel L’Herbier
France / Italie, 1945, 1h30