A voir dimanche 4 mars 2012 à 0h21 sur France 3
Cinéaste élégant à défaut d’être très novateur, Marc Allégret (1900-1973) a tourné dans les années trente quelques films très honorables. Songeons au charmant «Mam’zelle Nitouche» (1931) à «Fanny» (1932), second volet de la fameuse trilogie marseillaise de Marcel Pagnol, ou encore au «Lac aux dames» (1934). Né à Bâle, fils d’un pasteur qui fut le précepteur d’André Gide, Marc Allégret a commencé sa carrière de réalisateur en 1927 en filmant l’auteur de «La Symphonie pastorale» et des «Faux-monnayeurs» dans son périple anticolonialiste au Congo.
Passé à la fiction et au divertissement, le frère aîné d’Yves Allégret (1905-1987), qui fut aussi cinéaste (mais autrement pessimiste), était considéré comme un excellent directeur d’acteurs. Grâce à cette réputation, il eut la possibilité de faire tourner le gotha des comédiens français de l’époque (Raimu, Michel Simon, Michèle Morgan, Jean Gabin, Pierre Fresnay et bien d’autres).
Film d’acteurs avant tout, «Entrée des artistes» (1938) est une comédie dramatique qui nous fait entrer dans les arcanes du Conservatoire où enseignait Louis Jouvet. Nièce de blanchisseurs, Isabelle (Janine Darcey) est admise au cours du professeur Lambertin (Jouvet). La charmante demoiselle tombe amoureuse de François (Claude Dauphin), suscitant la jalousie (meurtrière) de Cécilia (Odette Joyeux)…
Plus que par son intrigue, le dix-huitième long-métrage de Marc Allégret vaut surtout pour les scènes où Jouvet interprète souverainement son propre rôle. A noter que le film fut ressorti sous l’Occupation, après qu’on eut pris soin de retourner toutes les scènes où apparaissait l’extraordinaire Marcel Dalio (qui y jouait le rôle du juge d’instruction) en le remplaçant par un acteur «aryen». Pour mémoire, Dalio avait vu quelques mois auparavant son portrait affiché dans toute la France avec la mention «archétype du Juif».
de Marc Allégret
France, 1938, 1h39