A voir mercredi 7 mars 2012 à 23h20 sur Arte
Admirateur de Jean-Pierre Melville et de François Truffaut, le cinéaste Masahiro Kobayashi poursuit discrètement une œuvre d’une belle intransigeance, qui révèle le revers d’une société japonaise en manque d’humanité. En 2007, il a remporté un Léopard d’or à Locarno plus que mérité avec le sublime et déchirant «Pressentiment d’amour», drame inouï de la résilience, qui confronte la mère d’une meurtrière et le père de sa victime, des années après les faits.
Onzième long-métrage de Kobayashi (qui a débuté sa carrière en 1997), «Voyage avec Haru» reste dans la même tonalité. A quatre-vingts ans, Tadao continue à pêcher le hareng sur l’île de Hokkaido. Las, un jour, il se blesse à la jambe et se trouve dans l’incapacité de travailler. Depuis le suicide de sa fille, Haru vit avec sa petite-fille. Or, celle-ci vient de perdre son job dans une cantine scolaire et souhaite s’installer à Tokyo. La jeune femme s’efforce alors de placer le vieillard chez des proches…
Sur le mode du road-movie, Kobayashi évoque un Japon où il ne fait pas bon vieillir, surtout quand les «démons» du passé n’ont pas pu être exorcisés. Plus d’une fois, on songe au grand Yasujirō Ozu (1903-1963) qui avait traité un thème similaire dans son sublime «Goût du Saké» (1962), une sacrée référence!
Haru To No Tabi
de Masahiro Kobayashi
Japon, 2010, 2h11