Avec son côté gothique à la Tim Burton, coréalisé par Sam Fell, un transfuge des Studios Aardman (géniteurs de Wallace & Gromit), et Chris Butler, l’auteur du scénarimage de «Coraline» (2009), ce film d’animation un brin frissonnant n’est certes pas dénué d’attrait. Bien sûr, l’on peut s’interroger sur le public ciblé par ce premier long-métrage dont la jauge reste incertaine, restant à mi-chemin entre les enfants aimant avoir peur et les préados friands d’horreur complice.
Vivant dans la petite ville de Blithe Hollow avec ses parents, Norman passe pour un «geek» aux yeux de ses copains, autrement dit un gamin un peu bizarre qui voit des fantômes partout et parle aux morts. Bref, il est le sujet de toutes les moqueries. Tout se précipite le jour où son oncle, un vieil original, qui vit en ermite dans la forêt, annonce à Norman qu’il est le seul à pouvoir conjurer une terrible malédiction sur le point de s’accomplir, avec une armée de zombies à l’appui. Tirant enfin parti de ses facultés paranormales, le petit marginal va dès lors s’employer à annihiler cette menace, engendrée par l’intolérance des anciens habitants de Blithe Hollow…
Seulement voilà, conformément à la profession de foi du blockbuster, il faut que cela plaise à tous âges et toutes sensibilités… Jouant sur l’adage «les plus monstrueux ne sont pas toujours ceux que l’on croit», les deux réalisateurs affaiblissent hélas la portée subversive du propos, cédant à quelques retours de morale gnangnan contradictoires. De même, le charme de la technique «à l’ancienne» du stop motion (animation image par image de marionnettes en plastiline) est un peu gâché par une mise en relief numérique qui tient du parfait pléonasme! Mêlant histoire américaine et comédie horrifique, «L’étrange pouvoir de Norman» n’a dès lors pas tout à fait les moyens de ses ambitions.
ParaNorman
de Sam Fell & Chris Butler
Etats-Unis, 2012, 1h27
à voir à Neuchâtel