Moi, moche et méchant 2

    A voir à Neuchâtel et à La Chaux-de-Fonds |

      MOIMOCHEETMECHANT

      Dans leur première mouture de «Moi, moche et méchant» (2010), Chris Renaud et Pierre Coffin se servaient à merveille du fameux adage hitchcockien selon lequel plus le méchant est réussi, meilleur est le film. Les cinéastes étaient en effet parvenus à le renverser de façon originale et avec un humour très caustique, en faisant de Gru un héros très méchant au cœur d’artichaut. Partant, leur premier épisode révélait une intelligence rare en montrant comment ce pire méchant parmi les méchants dérobait la Lune avec ses «Minions», une armada de petites créatures jaunes irrésistibles, avant de se prendre d’affection pour trois jeunes orphelines. Il en résultait une superproduction au second degré joyeusement incorrect et sertie de références cinématographiques.

      Fidèle à l’inventivité de l’original, «Moi, moche et méchant 2» semble de prime abord aussi soigné en termes d’animation et de gadgets improbables, tels le pisto-gel, le rouge-à-lèvre-taser ou le pistolet à pets. La 3D est du plus bel effet, à l’image de l’explosion volcanique qui en met plein la vue. Mais que faire lorsque le grand méchant Gru est d’ores et déjà devenu un gentil papa à l’issue du premier épisode? Buttant sur ce problème insoluble, les scénaristes de ce deuxième opus ont cru trouver la meilleure solution en affublant leur grand personnage chauve au nez pointu d’une séduisante agente secrète prête à venir jouer les mamans et à compléter le tableau d’une famille en or…

      Filant le parfait bonheur avec ses gamines, Gru mène désormais une vie bien rangée et préfère fabriquer des gelées et des confitures que de développer des armes de destruction comiques. Cependant, pour faire face à une dangereuse menace incarnée par le plus macho des méchants, Gru va se faire embarquer par Lucie, une espionne de l’Agence Vigilance de Lynx au service du très aristocrate et so british Silas de Lamolefès. Aussitôt amoureux, Gru se révèle bien plus timide que méchant et le film se mue en romance percluse de bons sentiments sur fond de courses-poursuites frénétiques. Sans doute les réalisateurs ont-ils cru pouvoir masquer leur désarroi derrière une hyperactivité à la Tex Avery?

      de Chris Renaud et Pierre Coffin
      Etats-Unis, 2013, 1h38