Nanny McPhee et le Big Bang

A voir lundi 17 avril 2017 à 23h sur W9 |

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Lauréate de l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans «Retour à Howard’s End» (1992) du regretté James Ivory, Emma Thompson mène une carrière plutôt atypique, à témoin son attachement à Nanny McPhee, créature hideuse piquée de verrues poilues et affublée d’une incisive proéminente dont ne voudrait aucun lapin! Derechef, cette star endosse cet ersatz monstrueux de Mary Poppins, façonné par la plume de la romancière anglaise Christianna Brand (1907-1988) et pièce maîtresse d’une saga littéraire en trois tomes destinée au jeune public et publiée en français sous le titre «Chère Mathilda», à la fin des années septante.

En 2005, Emma Thompson avait déjà non seulement prêté (et déformé) ses traits à l’héroïne très particulière de Miss Brand, mais aussi signé l’adaptation de sa prose faussement naïve. Aujourd’hui, elle réitère cette double performance, en prenant en plus les rênes de la production. De fait, ce numéro deux ne constitue pas une suite à proprement parler, puisque seule l’affreuse Nanny McPhee y fait sa réapparition… Pendant la seconde guerre mondiale, alors que son mari est parti au front, la brave Madame Green (Maggie Gyllenhaal) ne sait plus où donner de la tête. Charmants mais insupportables, ses trois enfants lui mènent en effet la vie dure, tandis que son idiot de beau-frère intrigue pour qu’elle lui vende sa petite ferme. Pour couronner le tout, Madame Green doit accueillir ses deux neveux londoniens, deux petits snobinards abominables envoyés par leur père qui estime la campagne plus sûre… C’est donc le moment où jamais d’en appeler à la «terrible» Nanny McPhee!

Après une entrée en matière impressionnante, histoire d’asseoir son autorité, notre nounou paranormale va subtilement rééduquer son petit monde, en inculquant aux cinq petits monstres autant de leçons magistrales. Ces dernières porteront tour à tour sur des thèmes formateurs comme le pacifisme, le partage, l’entraide, le courage et la foi en soi. A l’instar de ce qui se passait dans le numéro un, à chaque progrès accompli par ses «élèves», la nounou perd momentanément de sa laideur, mais pas au point de concourir pour le titre de Miss Monde… Si le ton est clairement à la parodie éducative, l’ensemble reste bon enfant, parfois rehaussé de quelques éclats de cruauté, dès lors bienvenus. A mi-film, un ballet nautique accompli par des porcelets gavés aux effets numériques pastiche de manière désopilante les précieuses ridicules de la natation synchronisée! Enfin, pour l’anecdote, Ewan McGregor, dans le rôle du mari de l’épouse dépassée, joue là sans doute le rôle le plus bref de sa carrière!

Nanny McPhee and The Big Bang
de Susanna White
France / Etats-Unis / Grande-Bretagne, 2010, 1h49