A voir mercredi 9 juillet 2014 à 15h35 sur RTS Deux |
Réalisé par deux transfuges des studios Aardman, ce film d’animation est un conte nullement édifiant qui raconte les aventures et mésaventures d’un souriceau intrépide. Sa belle facture prouve que le «computer-animated film» n’est pas forcément synonyme de formatage.
Adapté d’un livre pour enfants très connu aux Etats-Unis, dû à la plume de la jeune romancière Kate DiCamillo, «La légende de Despereaux» est narré par un conteur auquel Michel Dussolier, dans la version française, prête sa voix charmeuse… Dans un royaume imaginaire, la population est invitée à déguster tous les soirs une soupe délicieuse, réputée faire le bonheur. Par la faute d’un rat maladroit, la dégustation tourne cette fois en drame avec le décès subit de la reine. Inconsolable, le roi supprime aussitôt la tradition qui a causé un si grand malheur. Le désormais triste sir se retire dans ses appartements, abandonnant sa princesse de fille à sa déprime. C’est dans cette atmosphère pesante que vient à naître Despereaux, un souriceau doté de très grandes oreilles.
Malgré ce détail anatomique surprenant, ses parents sont ravis, les pauvres ne se doutent pas une minute que leur dernier rejeton va faire leur désespoir. Contrairement à ses frères et sœurs qui ont été élevés dans la peur de l’autre (rats, chats et êtres humains) depuis l’épisode dramatique de la soupe, Despereaux est en effet curieux de tout et surtout ne craint rien. Plutôt que de manger les livres comme ses congénères, il apprend à lire et passe dès lors son temps à dévorer les récits chevaleresques d’antan. S’identifiant à un preux chevalier, il conçoit soudain le projet insensé de rendre le sourire à la princesse dépressive…
S’inspirant tant des enluminures du Moyen Âge que de la technique du clair-obscur héritée des grands maîtres flamands, Sam Fell et Rob Stevenhagen ont réussi à créer un univers graphique original et cohérent, qui fait très joliment la nique au tout-venant cathodique de l’animation par ordinateur, lequel se révèle parfois d’une laideur repoussante! Ajoutez à ce souci esthétique, une volonté tenace de ne pas verser dans le manichéisme, et vous obtiendrez un divertissement familial au-dessus de tout soupçon, dont le message principal énonce sans pathos que le mal prend souvent racine dans l’injustice. Une vérité toujours bonne à rappeler!
The Tale of Despereaux
de Sam Fell & Robert Stevenhagen
Etats-Unis / Grande-Bretagne, 2008, 1h30