de Jean-Pierre Melville
avec Alain Delon, Catherine Deneuve, Richard Crenna, Paul Crauchet, etc.
Bien trop vite oublié, Jean-Pierre Melville (1917-1973) occupe une place unique dans le cinéma français. Avec Marcel Pagnol, il est l’un des rares à s’être doté d’une société de production qui lui assure une orgueilleuse indépendance. Dans ses studios installés rue Jenner à Paris, il élabore un cinéma d’auteur qui lui vaudra l’admiration sincère de la Nouvelle Vague encore vagissante. Entre 1949 et 1972, Melville tourne avec un souci du perfectionnisme absolu treize longs-métrages dont sept empruntent au genre policier. «Un Flic» est le dernier film de ce moraliste désabusé. Son insuccès accéléra sa mort, dit-on…
En hiver, sur un bord de mer battu par la pluie, des gangsters attaquent une banque. Ils sont «déjà morts», tant ils se sentent décalés par rapport à un monde qui ne leur appartient plus. Tout aussi embaumé, le commissaire Coleman (Alain Delon) va leur livrer une lutte crépusculaire. Unique femme du film, à peine entrevue, qui prononce trois mots en une heure quarante, Catherine Deneuve y joue le rôle d’un ange de la mort, inutile et malheureuse. Film complètement dingue, «Un Flic» brouille à mort le genre policier, assimilant la technique du cinéma à celle du grand banditisme, tournant à vide, oublieuse d’une époque où flics et desperados combattaient ensemble pour une même cause – la Résistance. Le chef-d’œuvre testamentaire par excellence!
France / Italie, 1972, couleur, 1h40, programme n°159