Le Prénom

A voir lundi 16 janvier 2017 à 21h00 sur M6 |

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Elisabeth dite Babou (Valérie Benguigui) et Pierre (Charles Berling) habitent un grand appartement parisien, sis dans le neuvième arrondissement. Des invités sont attendus et elle s’affaire à préparer son traditionnel couscous. Arrive d’abord Claude (Guillaume De Tonquédec), un ami, musicien placide, si transparent et discret que tous le méconnaissent. Puis Vincent (Patrick Bruel), le frère de Babou, fait son entrée avec un Château Cheval Blanc 1985! La quarantaine proprette et triomphante, il pavoise avantageusement car il va être père. Toujours en retard, sa femme enceinte (Judith El Zein) débarque enfin dans une bonne humeur générale qui se dégrade peu à peu, jusqu’à ce que le choix du prénom du bébé ne fasse l’effet d’une bombe.

Après le triomphe de leur pièce de théâtre éponyme (plus de 250 représentations en une année), les metteurs en scène et cinéastes Alexandre de La Patellière & Matthieu Delaporte ont choisi de l’adapter à l’écran avec la même équipe d’actrices et d’acteurs. Sans souffrir de son origine théâtrale, et bien qu’il se déroule principalement en huis clos, «Le Prénom» a trouvé une autonomie cinématographique. Côté mise en scène, les deux réalisateurs réussissent le pari de jouer avec une caméra mobile qui entraîne le spectateur au cœur des joutes verbales. Ils accordent également un soin particulier à la durée des plans et aux silences pesants, si essentiels pour les gags et autres vannes… Les répliques sont tordantes, voire très agressives, et les personnages universels, tels le jeune premier de droite plein de fric, l’intello de gauche radin, ou encore la femme au foyer qui a toujours fait l’économie de soi.

De La Patellière & Delaporte font tomber petit à petit les masques de circonstance, ce qui leur permet de glisser parmi les non-dits. De façon indirecte, ils nous renvoient alors les reflets d’une France très actuelle, prise entre les feux politiques et les enjeux sociaux et religieux. Au final, le film tance ainsi une certaine classe sociale, aisée au sens large, qui se permet de juger les autres et d’avoir son avis sur tout. «Le prénom» fait donc figure de comédie chorale bien ficelée, politiquement un peu incorrecte, mais le ton cinglant contre l’hypocrisie bourgeoise d’un Sacha Guitry est encore loin. Un film à l’humour à la fois burlesque, cynique et vachard, qui se moque des riches et des intellos.

de Alexandre De La Patellière & Matthieu Delaporte
France, 2011, 1h49