A voir mercredi 12 août 2011 à 01h15 sur Arte
Avant-dernier film de Sokourov, «Alexandra» est un drame à la lisière du documentaire, présenté au Festival de Cannes en 2007. Après que «Mère et fils» lui ait valu la reconnaissance internationale en 1997, le cinéaste protégé de Tarkovski poursuit son œuvre d’une richesse esthétique intransigeante, dont la portée politique lui a souvent valu d’être censuré en Russie. Alexandra (magnifique Galina Vichnevskaïa) est une grand-mère russe qui a l’ennui de son petit-fils, officier de 27 ans enrôlé dans un camp militaire russe en Tchétchénie. Elle décide de lui rendre visite, voyage de longues heures à bord d’un train, puis d’un tank, avant de le retrouver. Confrontée à la dure réalité du camp, à ces jeunes soldats et à leurs rapports difficiles avec la population locale, la vieille dame regarde, s’étonne, pose des questions. Une séquence mémorable où elle discute autour d’un thé avec une vielle Tchétchène cristallise toutes les trames amorcées par le film. Elles parlent de ces soldats russes aux têtes de gamin, de la colère qui crispe peu à peu le visage des jeunes hommes de Grozny. Elles parlent des ravages du conflit, de leur impuissance face à lui, des différences entre Slaves et Tchétchènes et de leur expérience commune de vieilles femmes. Un film mélancolique, profondément humain, beau et triste, que Sokourov a décidé de tourner dans des tons terreux, entre les couleurs du treillis militaire et les filtres sépias.
de Alexandre Sokourov
France / Russie, 2007, 1h30