Alpha Dog

A voir samedi 10 mars 2012 à 0h35 sur RTS UN

Dans une banlieue yuppie de Los Angeles, des fils à papa désœuvrés manquent singulièrement de vocabulaire pour définir le spleen qui les accable au bord de la piscine: les «gun», «crack», «fuck» et autre «dope» font florès, mais pas la moindre trace d’une rime riche! Pour compenser ce manque flagrant de poésie, ces grands ados jouent aux durs en s’offrant de temps à autre une émotion forte pour se donner l’illusion d’être en vie…

«Alpha Dog» prend une bonne demi-heure pour décrire cette délinquance juvénile dorée sur la tranche. Autant prévenir, c’est là sans doute le meilleur moment du cinquième long-métrage de Nick Cassavetes. Dès le moment où le réalisateur de «She Is So Lovely» (1997) doit s’extirper de ce portrait de groupe nauséeux pour passer à l’action, son film perd de son intérêt.

Tiré d’un fait-divers, «Alpha Dog» apparaît comme un remake de «Bully» (2001) de Larry Clark, mais n’arrive vraiment pas à sa cheville. A la grande différence de Clark, qui réussit à préserver corps et âme l’innocence première de ses jeunes personnages, tout en ne faisant jamais mystère de leur corruption, Nick Cassavetes les enveloppe d’emblée dans un suaire assez nauséabond, ne leur laissant aucune chance de s’en sortir. Seule l’apparition de Sharon Stone, dans le rôle de la mère de la victime, permet de faire jaillir in extremis un peu d’émotion…

de Nick Cassavetes
Etats-Unis, 2006, 1h56