Bambi

A voir jeudi 25 février 2016 à 10h30 sur RTS Deux |

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Considéré à tort comme un créateur «guimauve», Walt Disney (1901-1966) a souvent fait preuve de cruauté formatrice envers les enfants, du moins dans ses premiers long-métrages. Avec «Bambi» (1942), adapté du livre de l’écrivain autrichien de Felix Salten (dont Thomas Mann aurait fait découvrir l’œuvre à Disney durant son exil nord-américain), le père de Mickey a franchi un pallier supplémentaire, traumatisant des générations de mômes venus les yeux fermés au cinéma assister à la mort du papa du pauvre petit faon!

Fort du succès inespéré remporté par «Blanche-Neige et les sept nains» visible en salles dès janvier 1937, Disney entame dès lors tambour battant la production de «Bambi», prévoyant la sortie de ce qui aurait dû constituer son second long-métrage pour Noël 1938. Exigeant, confronté à de graves problèmes pécuniaires, Disney ajourne à plusieurs reprises ce projet très ambitieux, contraint à produire dans l’intervalle des films moins coûteux pour se refaire une santé financière («Fantasia, «Pinocchio», «Dumbo»).

Quand «Bambi» sort enfin en février 1942, il rencontre un succès mitigé, d’autant que le marché européen lui est fermé, bien que Staline et Hitler raffolent des dessins animés de l’Oncle Walt (qu’ils visionnent l’un et l’autre avant de s’endormir, à ce qu’il paraîtrait). La science du marché de Disney réparera après-guerre cet outrage, par le biais de ressorties orchestrées dans le monde entier, qui en feront bientôt un film culte.

Revu aujourd’hui, «Bambi» frappe par la fluidité extraordinaire de son animation. En cela, il constitue sans la quintessence du style caoutchouteux imposé par le «sorcier de Burbank». Il étonne aussi par son caractère pré-écologique: les hommes dont on n’entend seulement les coups de fusil y sont considérés comme les vrais prédateurs…

de David D. Hand / Studios Disney
Etats-Unis, 1942, 1h18