Bloody Daughter: Argerich

A voir vendredi 18 juillet à 22h05 sur RTS Deux |

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A l’âge de trente-quatre ans, Stéphanie Argerich filme sa mère Martha, véritable «déesse du piano», plongeant dans les profondeurs d’une famille marquée au sceau d’un matriarcat désordonné. Dans cet esprit, le titre original du film, «Bloody Daughter» («maudite ou sacrée fille», surnom donné par son père) traduit à merveille l’ambivalence du point de vue de la cinéaste, partagée entre l’admiration et une douleur sourde qui pointe ça et là, surtout dans les silences: «Ma mère possède un côté tellement fort qu’elle capte toute l’attention!»

Avec un sens rare de la nuance, la réalisatrice fait à la première personne le récit de cette filiation très complexe, un récit fascinant dont on pressent qu’il procède secrètement de l’exorcisme. Tour à tour très aimante, étouffante, maternelle, enfantine ou indifférente (au point d’avoir abandonné sa première fille), Martha Argerich a entraîné et égaré trois hommes dans son chaos, lequel a sans doute partie liée avec son génie pianistique.

De façon révélatrice, Stéphanie avoue avoir peiné à intégrer dans son montage les séquences, pourtant magnifiques, des retrouvailles avec son père, le pianiste Stephen Kovacevich, retiré depuis belle lurette de la scène familiale.

de Stéphanie Argerich
Suisse, 2012, 1h35