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Co-scénariste de «Polisse» (2010) de Maïwenn, actrice chez Lelouche ou Assayas, Emmanuelle Bercot est aussi une réalisatrice talentueuse, comme en témoignait son premier long-métrage, «Clément» (2003), l’histoire d’une trentenaire transie d’amour pour un garçon de 13 ans. Grâce à Catherine Deneuve en tête d’affiche, la cinéaste nous revient avec un film certes inégal, mais qui bénéficie de la présence éclatante de l’immense actrice. A bientôt 70 ans, Deneuve est en effet une icône capable de faire vibrer le spectateur juste en cherchant une cigarette dans une voiture.
Déjà au sommet de son art dans «Potiche» (2010) de François Ozon ou les «Bien-aimés» (2011) de Christophe Honoré, Catherine Deneuve se livre dans «Elle s’en va» à une véritable performance d’actrice devant la caméra d’une cinéaste qui n’a naturellement d’yeux que pour elle: gérante d’un restaurant familial, Bettie ne s’est jamais remise d’un chagrin d’amour. Dépassée par des obligations professionnelles écrasantes, elle prend le large en plein service de midi et atterrit dans la campagne française, avant de retrouver son petit-fils pour l’emmener en vacances chez son grand-père paternel. C’est ainsi que Bettie accomplit un parcours initiatique qui révèle la femme qu’elle est: une dame en mal d’amour qui a pourtant la vie devant elle.
Catherine Deneuve s’en va dans ce roadmovie plein de gigolos et de discothèques paumées, de paysans dignes d’un Raymond Depardon, ou encore d’anciennes Miss France septuagénaires qui rajeunissent le temps d’un savoureux gala. Ainsi décousu et hétéroclite, le film est porté par son talent d’actrice et celui d’excellents seconds rôles féminins, dont la chanteuse Camille, la jeune Hafsia Herzi et la mythique Claude Gensac.
de Emmanuelle Bercot
France, 2012, 1h53