Faire sa place

Programme n°271 |

Du 19 février au 25 mars, Passion Cinéma propose quinze films inédits dont les protagonistes pourtant très divers sont animés par le même désir de survie irrépressible. Ne manquez pas les projections en présence de Claire Simon, Barbara Miller et Patrick Thurston, sans oublier les séances spéciales proposées dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes.

Faire sa place

En ces temps sombres où l’abîme guette, aller au cinéma en devient presque un acte de santé mentale, voire de résistance… À la condition bien sûr que les cinéastes gardent foi en leur capacité à contrer le terrible récit totalitaire et discriminatoire qui semble en passe de s’imposer sous nombre de latitudes et dont possiblement la nôtre.

Urgence de l’époque

Il y a plus de soixante ans, Jean-Luc Godard mettait en exergue du «Mépris» une très belle phrase à propos du septième art, phrase que nous nous permettons d’exhumer hic et nunc, mais en modifiant un tant soit peu sa finalité, urgence de l’époque oblige. «Le cinéma», énonçait alors le cinéaste, «substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs.» De ce constat, il concluait à son irrésistible pouvoir d’attraction…

Question de survie

Aujourd’hui, il conviendrait hélas plutôt d’écrire: le (bon) cinéma substitue toujours à notre regard un monde, mais qui, désormais, s’accorde à notre seul désir de survie… intellectuelle, morale, émotionnelle, sexuelle (il y aurait au moins mille adjectifs à ajouter).

Pouvoir émancipateur

Les quinze films programmés par Passion Cinéma procèdent tous à notre sens de ce désir profond et, espérons-le, irrépressible de survie. D’une manière ou d’une autre, ils s’efforcent à penser que le vent de liberté qui soufflait si fort sur notre vingtième siècle n’est pas retombé. Sans nostalgie ni optimisme béat, ces œuvres très diverses nous incitent à croire encore et toujours en la puissance émancipatrice du cinéma, oui, celui-là même qui nous encourage à faire notre place dans le monde, aussi complexe soit-il.

Vincent Adatte