Festival du Sud 2025: les critiques du Jury des jeunes

Découvrez les critiques du Jury des Jeunes du Festival du Sud!

Les Lycées Blaise-Cendrars à La Chaux-de-Fonds, l’Ecole supérieure de commerce et l’Ecole supérieure Numa-Droz à Neuchâtel ont invité leurs étudiant·es à former le Jury des Jeunes du Festival du Sud. Les juré·es de Neuchâtel ont désigné «La Cocina» comme meilleur film de cette édition 2025. A La Chaux-de-Fonds, c’est «Oxana» qui a choisi.


Black Dog
J’ai été véritablement captivé par «Black Dog», ce récit poignant d’un ancien détenu qui redécouvre sa ville natale envahie par des chiens errants. Embauché pour les chasser dans le cadre d’une campagne d’assainissement urbain avant les Jeux Olympiques de 2008 en Chine, il finit par nouer un lien improbable avec un chien noir maigre qui change sa perspective sur tout. Cette toile de fond historique — l’élimination des chiens errants pour présenter une image propre et moderne aux visiteurs internationaux — ajoute une dimension sociopolitique fascinante au récit.

À première vue, on pourrait croire que l’intrigue se limite à la relation entre l’homme et le chien, mais le réalisateur nous offre en fait une fresque bien plus ambitieuse d’une Chine en pleine métamorphose. Le film dépeint avec subtilité cette ère charnière marquée par l’industrialisation et l’urbanisation accélérée du pays, où le gouvernement s’efforce de transformer chaque territoire, même les plus reculés, en zones industrielles imposantes.

La cinématographie est absolument époustouflante, avec des couleurs saisissantes et des paysages à couper le souffle. Les morceaux de Pink Floyd qui ponctuent la bande sonore ajoutent une profondeur émotionnelle considérable à l’expérience, créant des instants de transcendance visuelle et auditive. Je me suis même surpris à fredonner «Hey You» pendant le générique de fin.

Ce qui m’a particulièrement intéressé, c’est de découvrir un film venu de Chine continentale. Chaque œuvre qui sort des frontières chinoises doit être approuvée par les autorités, ce que ce film a réussi à faire malgré sa critique subtile.

Le seul élément qui m’a semblé un peu discordant était la représentation des animaux errants dans les rues. J’apprécie l’idée d’animaux en liberté, mais le traitement trop dépendant d’effets visuels numériques m’a paru légèrement décalé par rapport au ton plus ancré dans la réalité du reste du film. Néanmoins, c’est un voyage mélancolique et magnifique qui mérite amplement d’être vu, une œuvre qui reste en mémoire longtemps après que les lumières se soient rallumées.
Bedir


Hanami
«Hanami» est un très joli film . Les images sont bien réalisées et l’histoire est touchante. C’est intéressant car il offre à voir une situation du monde et une manière de vivre bien différente des nôtres. Ce film nous fait découvrir une autre enfance que nous ne pourrions imaginer dans nos pays. On apprend à connaître une fille, séparée de sa famille, qui tombe malade et fait face à son destin malgré ce qui lui arrive. Cependant, ce sont les images qui ont plus retenu mon attention. Elles sont très touchantes et extrêmement bien conçues. Elles nous font découvrir des lieux magiques: bords de mers tranquilles, volcan majestueux… Les prises de vue absolument magnifiques nous immergent dans le décor, nous propulsent dans l’histoire afin que nous soyons happé dans les thématiques abordées.
Lucine


Mexico 86
Bien plus qu’un film sur la résistance armée guatémaltèque contre la dictature, «Mexico 86» allie intensité émotionnelle et profondeur politique. Maria, brillamment incarnée par Bérénice Bejo, se retrouve face à un dilemme cornélien: poursuivre sa lutte et son activisme révolutionnaire ou se consacrer à sa vie de mère, qu’elle a laissée derrière elle dix ans auparavant. Constamment sous tension, sa performance saisit le spectateur dès les premières minutes. Celui-ci est alors transporté quarante ans plus tôt, au cœur de la lutte et de ses répercussions sur la vie familiale des résistants. En s’inspirant de sa propre relation avec sa mère, César Diaz parvient à mettre en scène la vie des activistes destinés à changer la société, au prix d’une vie parentale souvent délaissée.
Camille


Pooja, Sir
Dans le film «Pooja, Sir», nous suivons les investigations de l’inspectrice Pooja qui enquête sur l’enlèvement de deux garçons. J’ai beaucoup apprécié ce film pour la qualité de son intrigue captivante ainsi que pour sa portée humaine et politique. L’inspectrice Pooja, interprétée avec justesse, incarne une femme forte, qui témoigne de beaucoup d’humanité. Elle est constamment tiraillée entre ses devoirs professionnels et ses émotions personnelles. Au-delà du scénario, le film présente de très belles images de foules qui nous plongent directement dans la tension et l’agitation des manifestations. En conclusion, «Pooja, Sir» ne se contente pas de raconter une enquête policière, il met en lumière également les discriminations raciales et sexistes qui touchent les différents personnages du film. Avec une esthétique et une sensibilité très touchantes.
Romane