A voir samedi 17 septembre 2011 à 0h15 sur TSR 1
«Hooligans» est un film intriguant. Inédit sur nos écrans à sa sortie en 2006, il a bien failli ne jamais être montré nulle part. S’efforçant tant bien que mal d’étouffer le phénomène du hooliganisme, d’une part pour ne pas l’alimenter et de l’autre pour ne pas ressasser inutilement la mauvaise réputation de ses supporters, les commissions de censure britanniques était à deux doigts d’interdire le film. A la veille de la Coupe du monde sur son territoire, l’Allemagne a préféré ne pas pousser mémé dans les orties et renonce à diffuser le film. Quant aux Américains, le football à l’Européenne, ce n’est de toute façon pas trop leur truc… En France et ailleurs, le film est interdit aux moins de seize ans. La réalisatrice Lexi Alexander a grandi parmi les petites frappes dans un quartier de Mannheim. Portée par les sports de combat, elle est championne de karaté à quinze ans. Quelques années plus tard, établie à L.A., elle est devenue cinéaste. Pour la préparation de ce premier long-métrage, elle s’est immergée pendant plusieurs mois dans un gang de supporters britanniques. Avec eux elle écumait les pubs, zonait dans la rue, à la maison, assistait fiévreusement aux matchs et, bien sûr, aux bastons. «Personne dans ce milieu ne cognerait une femme. C’était certainement plus facile pour moi que pour un homme d’approcher ces gangs.» Ce qui fascine Lexi Alexander chez les hooligans, c’est la socialisation par la violence. Le but de ces gangs dépasse le fanatisme pour une équipe de foot. Ils forment de véritables fratries, se jurent fidélité et s’y tiennent. Ce sont souvent des gars normaux dans la vie, avec un job, une famille. La violence est un exutoire, une façon d’affirmer les liens qui unissent les membres du gang en fracassant ce qui lui est extérieur voir opposé, comme les supporters d’une équipe rivale. Si la violence n’est pas diabolisée d’amblée dans son film, vu qu’elle est considérée comme un lien social, Lexi Alexander finit tout de même par en dénoncer l’anarchie et l’inhumanité. «Hooligans» avance sur la corde raide: tout comme ses personnages, le film menace à chaque instant d’aller trop loin, de faire le pas de trop en direction de la violence. Mais la réalisatrice sait trouver le ton juste, soutenue par des comédiens qui forcent le respect: Elijah Wood abandonne ses haillons de Hobbit pour incarner un étudiant américain fraîchement débarqué à Londres chez sa sœur, et qui va se laisser entraîner par son beau-frère (magnifique Charlie Hunnam) dans la spirale infernale…
Green Street
de Lexi Alexander
Etats-Unis / Grande-Bretagne, 2004, 1h45