A voir lundi 20 octobre 2014 à 20h30 sur Rouge TV |
Anthony Swofford va enfin pouvoir réaliser le rêve de sa famille, une fière lignée de militaires. Envoyé dans le désert saoudien en pleine guerre du Golfe, le jeune homme attend patiemment le moment de servir son pays. Seulement, l’ennemi se fait attendre, conduisant les soldats à rivaliser d’inventivité pour s’occuper, parfois bêtement, souvent dangereusement.
En 1971, dans «Johnny s’en va-t-en guerre», Dalton Trumbo réussit le défi de dénoncer l’absurdité de la guerre sans en montrer une seule image. Une quarantaine d’années plus tard, lorsque Sam Mendes, auteur des intraitables «Noces rebelles» (2008), adapte les mémoires d’un ancien marine, la surprise est une nouvelle fois au rendez-vous. Ce n’est ni la description des combats, ni la fresque historique qui l’intéressent, mais plutôt le fantasme d’une confrontation qui n’aura jamais lieu. Ce faisant, le cinéaste se hisse aux côtés de Stanley Kubrick («Les Sentiers de la gloire», «Full Metal Jacket»), Francis Ford Coppola («Apocalypse Now»), Robert Altman («M.A.S.H.») ou encore Oliver Stone («Platoon»), et dépoussière un genre que l’on pensait usé jusqu’à la corde.
A partir de ce postulat, le cinéaste se livre à une véritable étude de moeurs en montrant, à travers le regard d’un seul personnage, ce qu’un jeune homme du 20e siècle est prêt à faire pour tromper son ennui. Vidant leurs chargeurs dans l’air comme ils se masturbent, ces Jarheads (en français, «tête de jarre», en référence à leur crâne rasé), n’ont même plus conscience de la folie qui les guette, ni même de l’absurdité d’une guerre qu’ils imaginent aussi revigorante que leurs jeux d’enfants. Enrobé de chansons actuelles de rock et de rap, «Jarhead, la fin de l’innocence» frappe un grand coup dans la politique de défense des Etats-Unis. On n’en attendait pas moins du réalisateur qui a su dynamiter l’American Way of Life («American Beauty», 1999) avec autant de talent et d’intelligence!
Jarhead
de Sam Mendes
Etats-Unis, 2005, 2h03