A voir mardi 28 mai 2013 à 20h35 sur RTS Deux |
En s’emparant d’un scénario signé Aaron Sorkin, créateur de l’excellente série «A la maison Blanche» («West Wing») et donc fin connaisseur des arcanes du pouvoir, le réalisateur chevronné Mike Nichols («Le Lauréat», 1967) fait son miel d’événements apparemment authentiques…
La première scène du film donne le ton: se prélassant dans un jacuzzi, Charlie Wilson (Tom Hanks), député démocrate influent, batifole avec des call-girls tout en badinant avec ses amis poudrés de coke. Regardant d’un œil les nouvelles à la télé, il est soudain accroché par une interview dans laquelle des combattants afghans très démunis appellent à l’aide.
Nous sommes en 1980, l’Union soviétique est en train d’«annexer» l’Afghanistan. Anticommuniste sincère, le député va alors se démener pour dégotter clandestinement un milliard de dollars destinés à armer de façon convenable les courageux moudjahidin qui résistent à l’envahisseur. Bénéficiant des largesses d’une Texane bigote richissime (Julia Roberts enfin à contre-emploi) et du savoir-faire rusé d’un fonctionnaire de la CIA (Philip Seymour Hoffman), Wilson va arriver à ses fins, au point que certains historiens réputés lui imputent aujourd’hui l’écroulement de l’empire soviétique, pas moins!
L’attrait du film réside surtout dans son style. Non sans culot, Nichols traite cette croisade souterraine comme une comédie, en lui conférant la vulgarité futile et tapageuse du soap-opéra. En regard de l’importance des enjeux géopolitiques, l’effet de contraste est saisissant et jette un voile d’ambiguïté passionnant sur le prétendu engagement des trois protagonistes. A raison, certains regretteront que le réalisateur élude un peu trop les conséquences actuelles de la «générosité» du député Wilson (talibans, Al-Qaïda et tutti quanti), se contentant de pointer le refus de l’administration américaine de financer la reconstruction des écoles afghanes, avec l’effet néfaste que l’on sait.
Charlie Wilson’s War
de Mike Nichols
Etats-Unis, 2007, 1h45