La Ronde de l’aube

A voir samedi 12 juillet 2014 à 09h55 sur RTS Un |

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Né en Allemagne en 1897, Detlef Sierck fut d’abord metteur en scène de théâtre, avant de devenir cinéaste et de mettre à profit son sens inné de l’espace et de l’ellipse. Il quitte l’Allemagne pour les Etats-Unis à l’arrivée des nazis et se rebaptise Douglas Sirk. Prince du mélodrame à l’hollywoodienne, protégé de la Universal, Sirk se montre extrêmement doué pour faire apparaître les tragédies avec une splendeur incomparable et, ainsi, ne recule devant aucun artifice fictionnel, aucun coloris, aucun excès pour atteindre les sentiments qu’il veut décrire.

Lors d’un meeting aérien, le journaliste Burke Devlin sympathise avec Roger Shumann, un ancien pilote d’élite de l’aviation militaire, et succombe aux charmes de LaVerne, son épouse et parachutiste de surcroît. Celle-ci lui raconte la manière dont Shumann l’a épousée en la jouant aux dés contre son mécanicien Jiggs. Néanmoins, folle d’amour, la sulfureuse blonde tolère sans mot dire les caprices de son époux et attise ses espoirs de gloire retrouvée…

Adapté du roman «Pylône» de William Faulkner, «La Ronde de l’aube» réunit Rock Hudson, Dorothy Malone et Robert Stack, lesquels triomphaient une année auparavant dans «Ecrit sur du vent» (1956). Considéré par Douglas Sirk comme sa plus grande réussite, ce film est une curiosité dans le panorama cinématographique américain. Désespéré et introverti, le projet germait depuis de longues années dans l’esprit du cinéaste avant qu’un producteur ne se décide enfin à la rendre possible en 1957.

Plus virulent et sombre que n’importe quelle autre œuvre du cinéaste , «La Ronde de l’aube» touche à des thèmes qui ont dû faire trembler les censeurs hollywoodiens. Ainsi, dans un maelström d’émotions, ménage à trois, alcool, suicide et déperdition emportent chacun des protagonistes de l’histoire sans jamais leur faire miroiter d’échappatoires. Brillamment mise en image, notamment lors de séquences aériennes à couper le souffle, cette ode à l’échec est un véritable monument de réussite!

The Tarnished Angels
de Douglas Sirk
Etats-Unis, 1957, 1h31