A voir mardi 4 décembre 2012 à 14h sur TV5 Monde |
En 1980, Claude Chabrol signe l’adaptation cinématographique du best-seller autobiographique éponyme de Pierre-Jakez Hélias. Ce dernier raconte la rude existence des paysans du pays Bigouden, dans le sud de la Bretagne au début de 20ème siècle. Le titre du film évoque l’éducation qu’a reçue l’auteur par son grand-père: lorsqu’on n’a pas de cheval, c’est l’orgueil que l’on monte…
Suivant la logique du livre, le film de Chabrol retrace les souvenirs de celui qui au cinéma (et dans les registres d’état civil) se prénomme Pierre-Jacques et non pas Pierre-Jakez, comme l’on prononce en breton et dans le dialecte bigouden, parlé au sud-ouest de Quimper. Il se souvient de son père parti à la guerre, de la sagesse et la dignité de son grand-père et de l’énergie de sa mère, dont le combat quotidien consistait à trouver de quoi dresser la table du dîner. Une immersion poignante dans la misère qui caractérise cette région agricole délaissée par une France enrôlée dans l’industrialisation galopante de la Belle Epoque puis dans la Grande Guerre.
Lors de son avant-première à Quimper, le film a reçu un accueil controversé, comme en témoigne un reportage visible sur le site internet de l’INA. Certains y ont vu une restitution fidèle du quotidien aride de leurs familles et ancêtres. D’autres en revanche regrettent une accumulation de clichés folkloriques et surtout le parlé français, qui déracine et dénature l’identité de cette région qui précisément lutte pour sa conservation. Des producteurs évoquent les raisons commerciales qui justifieraient l’usage du français pour la diffusion du film, et donc de l’histoire et de la culture bretonne… Chabrol regrettera lui-même de ne pas avoir osé tourner le film en bigouden. En 2008, une association spécialisée dans le doublage de films en breton s’emploie à réparer partiellement l’offense. Un film rarement diffusé à la télévision.
de Claude Chabrol
France, 1980, 2h