Le Manteau

A voir dimanche 8 janvier 2012 à 0h11 sur France 3

Très éclectique, le cinéaste italien Alberto Lattuada (1914-2005) laisse une œuvre inégale comptant 37 longs-métrages relevant de tous les genres. Il a aussi contribué de façon décisive à l’histoire du cinéma transalpin en faisant débuter Fellini sur le film «Les Feux du Music-hall» (1951) qu’il a coréalisé avec le futur réalisateur de «La Strada».

Egalement cofondateur de la Cinémathèque italienne, Lattuada a réalisé ses premiers films sous l’ère fasciste, adhérant au mouvement dit «calligraphique» dont l’esthétique recherchée constituait une forme de résistance au pathos mussolinien. Présenté dans le cadre de l’indispensable «Cinéma de minuit» dans une copie restaurée, «Le Manteau» (1952) est non seulement son plus beau film, mais aussi une rareté longtemps introuvable.

Sous l’influence du néoréalisme qui vit alors ses derniers feux, Lattuada adapte de façon contemporaine la célèbre nouvelle de Gogol… Petit fonctionnaire craintif, Carmine (Renato Rascel) se ruine pour acheter un manteau neuf, dans l’espoir d’acquérir une nouvelle identité sociale. Las, une personne malintentionnée le lui dérobe… En regard du délit, son désarroi est complètement disproportionné et traduit bien son malaise de n’être qu’un rouage d’une société qui fait peu de cas des «petites gens».

Selon la dramaturgie néoréaliste, le cinéaste tire de cet incident anodin matière à une remise en question du «système». Il s’en acquitte avec les armes de la tendresse et un sens de l’humour tragique qui frise l’onirisme, notamment dans sa représentation de la bureaucratie.

Il Capotto
de Alberto Lattuada
Italie, 1952, 1h30