A voir mardi 24 janvier 2012 à 23h35 sur TSR1
Comment faire face au vide créé par le départ de ses enfants? Réalisé par l’Argentin Daniel Burman, «Les Enfants sont partis» joue habilement avec le temps pour donner sa réponse. Subtil, drôle et insidieusement anxiogène, comme tous les films de ce cinéaste des plus singuliers. Délaissant la chronique de mœurs de la communauté juive de Buenos Aires dont il semblait s’être fait une spécialité, le réalisateur du «Fils d’Elias» (2003) et des «Lois de la famille» (2006) signe une œuvre autrement ambitieuse.
Ecrivain reconnu, mais en manque d’inspiration, Leonardo est invité à un dîner en ville qui s’annonce redoutable d’ennui. Par chance, une jeune femme attirante, assise à une autre table, accroche durablement son regard. Un peu plus tard, son voisin, psychiatre de son métier, lui explique comment ses patients âgés croient avoir accompli des actions qui ne sont en réalité que de l’ordre du fantasme. De façon souterraine, cette observation «clinique» va alors influer sur le comportement de Leonardo.
Rentrant à la maison, ce père de trois grands enfants, marié à une sociologue qui ne mâche pas ses mots, constate que sa fille a découché… Restant éveillé, il se met à écrire, se projette dans le futur, imaginant quelle pourrait bien être son existence, une fois que sa progéniture volera de ses propres ailes, le laissant seul avec sa femme, à la maison, dans le «nid vide». Poursuivant son jeu mental, Leonardo commence à remodeler le passé en fonction de cette projection du futur qui l’apeure…
Avec une virtuosité feutrée, Burman égare son spectateur dans une dérive rêveuse qui évoque les grandes fictions mentales d’Alain Resnais, période «Providence», un film auquel on pense plus d’une fois au fil de la projection. Comme le cinéaste français, l’Argentin joue parfaitement des strates temporelles pour dire toute notre impuissance, l’âge avançant, à faire du présent le seul temps qui vaille!
El nido vacio
de Daniel Burman
Espagne / Argentine, 2008, 1h32