A voir vendredi 28 juin 2013 à 13h35 sur Arte |
Cinquante-cinquième film du réalisateur des «Oiseaux», «L’Etau» («Topaz») est un film d’espionnage, genre dans lequel Alfred Hitchcock a aussi excellé («Sabotage», «Correspondant 17», «Les Enchaînés», «La Mort aux trousses», «L’Homme qui en savait trop», «Le Rideau déchiré», etc.).
Tourné en 1969, soit trois ans après «Le Rideau déchiré», dont l’accueil mitigé a laissé un goût amer au maître du suspense, son antépénultième long-métrage raconte la fuite à l’Ouest d’un chef du KGB avec femme et enfant. En pleine crise cubaine (l’action est située en 1962), cette défection déclenche un ballet d’espions franco-américain, tous avides de démasquer un réseau subversif nommé Opale (Topaz dans la version originale)…
Déprimé par le visionnement de «Blow Up» (1967) d’Antonioni, qu’il considère comme un modèle de modernité, le «vieux» cinéaste (il a fêté ses septante ans) est des plus moroses! Il retrouve vite son enthousiasme en travaillant sur un projet réaliste qu’il veut entièrement tourner en «intérieurs et extérieurs réels», une innovation pour le metteur en scène. Las, Universal, avec laquelle il est sous contrat, décline sa proposition, jugée trop personnelle (l’histoire d’un psychopathe qui ne peut s’empêcher de tuer des jeunes femmes dès lors qu’il se trouve à proximité d’étendues d’eau).
Hitchcock se rabat sur un roman d’espionnage basé sur des faits réels. Rassurés, ses producteurs lui confient alors le plus gros budget de sa carrière (sept millions de dollars). Confronté à un scénario «impossible à tourner» selon ses propres mots, le cinéaste filme au jour le jour, faisant réécrire tous les dialogues sur le plateau, «une expérience très stimulante, mais aussi très difficile».
Partant, le résultat est inégal, un «affreux compromis», selon Hitchcock, mais qui recèle cependant quelques séquences éparses magistrales qui témoignent encore de son génie de la mise en scène. Boudé par le public à sa sortie, «L’Etau» vaut pourtant beaucoup mieux que sa mauvaise réputation (dont Hitchcock, par ses déclarations désabusées, est en partie responsable).
Topaz
de Alfred Hitchcock
Etats-Unis, 1969, 2h07