L’Eternité et un jour

A voir lundi 30 janvier 2012 à 22h50 sur Arte

Accidentellement renversé par un motard de la police, Theo Angelopoulos a prématurément quitté notre triste monde… Pendant près de trois décennies, il aura a été sans conteste l’un des plus grands cinéastes de sa génération. Né en 1935, marqué par la dictature des colonels, communiste engagé, le réalisateur de «Paysages dans le brouillard» (1988) a fait du processus historique son sujet de prédilection, jusqu’à l’obsession.

A la recherche d’une forme cinématographique capable de restituer le flux ambigu de l’Histoire, Angelopoulos a développé avec une rare exigence trois figures clefs de mise en scène: la prégnance du hors-champ, qui rappelle qu’un film ne saurait représenter le réel dans sa totalité; l’usage du plan frontal pour attester de la théâtralité cachée du cinéma, lequel s’évertue à faire oublier qu’il est aussi un art de la représentation; et enfin, le recours au plan-séquence, ce dernier indiquant en creux la présence de l’auteur qui, par le biais du mouvement de la caméra, nous délivre son point de vue.

Palme d’or du Festival de Cannes 1998, «L’Eternité et un jour» décline ces trois figures à la perfection… Ecrivain célèbre en fin de vie, Alexandre (Bruno Ganz) se remémore son passé. Rencontrant par hasard un gamin albanais (mais d’origine grecque) qui lave les pare-brises, il décide de la raccompagner à la frontière. Ecrit en collaboration avec Tonino Guerra, scénariste de Fellini, voici sans doute le film le plus onirique d’Angelopoulos!

Mia aioniotita kai mia mera
de Theo Angelopoulos
Grèce / France / Italie / Allemagne, 1998, 2h12