Mensonges d’Etat

A voir dimanche 14 décembre 2014 à 20h50 sur France 2 |

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Thriller géopolitique, le dernier film en date du vétéran Ridley Scott narre avec brio les déboires d’un agent de la CIA opérant sur le terrain miné du Proche-Orient. Les allusions à certains errements stratégiques du Pentagone ne sont évidemment pas fortuites! Œuvrant entre Bagdad et Amman, Roger Ferris (Leonardo di Caprio) est un agent de la CIA discret et très efficace. Pour son grand malheur, cet arabophone achevé doit faire équipe avec Ed Hoffman (Russel Crowe), un bureaucrate cynique qui le pilote depuis les Etats-Unis, l’oreille collée à son portable, même lorsqu’il fait ses courses au supermarché du coin. Or les méthodes des deux hommes divergent du tout au tout…

Chargé d’identifier le chef d’un réseau terroriste clandestin, Ferris crée de toutes pièces l’existence d’un groupe rival, histoire de le faire sortir du bois. Au cours de sa mission, il est amené à collaborer avec le chef des services du renseignement jordanien, l’inquiétant Hani Pacha (Robert Strong) qui exige de lui la plus grande transparence. Las, Hoffman, bien calé dans son fauteuil du Pentagone, n’a de cesse de contrecarrer ses plans subtils, préférant la manière forte aux finesses stratégiques de son homme de terrain, jusqu’à mettre en péril sa couverture par le biais de drones pour le moins intrusifs!

Adapté du roman très documenté du journaliste et expert en la matière David Ignatus, le dix-huitième long-métrage du réalisateur chevronné de «Blade Runner» (1982) n’atteint certes pas la complexité vertigineuse de «Syriana» (2005), mais atteint quand bien même parfaitement sa cible. A travers l’affrontement méthodologique opposant Ferris au très obtus Hoffman, son film reflète en effet sans détour tous les mauvais calculs de l’administration Bush, laquelle n’a pas lésiné sur le mensonge et l’arrogance pour faire passer auprès de l’opinion ses visées hégémonistes, créant plus le chaos qu’autre chose!

Passionnant pendant plus d’une heure du fait d’une approche presque documentaire, «Mensonges d’Etat» vire un peu trop au cinéma d’action dans sa seconde partie, jusqu’à nous infliger à coups de marteau une scène de torture très dispensable, même s’il s’agit des petits doigts du pauvre Leonardo!

Body of Lies
de Ridley Scott
Etats-Unis, 2008, 2h10