Monsieur Verdoux

de Charles Chaplin |
avec Charles Chaplin, Martha Raye, Isobel Elsom, Marilyn Nash, Mady Correl, etc.

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    Après avoir repris la moustache de Hitler (qui la lui avait volée) dans «Le Dictateur» (1940), Chaplin se met une nouvelle fois en scène sous les traits d’un autre personnage que Charlot. Pourtant, «Monsieur Verdoux» (1947) constitue un double inversé de Charlot, l’inadapté social; «suradapté», il réalise négativement, et en toute conscience de ses actes, tout ce que le vagabond innocent n’a jamais osé faire: refuser la soumission à une société qui, systématiquement, opprime les faibles. M. Verdoux, ancien employé de banque renvoyé comme un malpropre après trente ans de service, séduit puis assassine des femmes solitaires, riches et âgées, pour subvenir aux besoins de son épouse invalide et de leur petit garçon. Ce Monsieur Landru chaplinesque n’a pas d’excuses: il tue (avec style), incinère (proprement), et finira sur l’échafaud. Cet assassin extraordinaire raconte sa vie en voix off avec une lucidité telle qu’il confère à ce film noir une étonnante dimension comique. Même s’il est situé dans les années 30, «Monsieur Verdoux», tourné en 1947, doit être vu aussi comme une réflexion désabusée sur la guerre, et les crimes (impunis) qui ont été perpétrés en son nom. Verdoux applique en effet jusqu’à ses dernières conséquences cette loi fondamentale des rapports sociaux selon laquelle «les affaires sont les affaires»…

    USA, 1947, noir et blanc, 2h05; programme n°32