Napoléon

A voir mardi 13 septembre 2011 à 1h05 sur France 2

Souvent considéré comme l’un des derniers chef-d’œuvres du cinéma muet, le «Napoléon» de 1927 est également le film qui propulsa Abel Gance au sommet de sa gloire, après que «J’accuse» (1919) et «La Roue» (1923) aient déjà remporté un succès critique d’envergure. Abel Gance compte parmi les cinéastes qui ont le plus contribué au développement du langage cinématographique moderne, aux côtés de D.W. Griffith et de Serguei E. Eisenstein. Or à l’instar de nombreux réalisateurs du muet, la conversion du médium vers le sonore lui valut une période d’instabilité. En 1935 il adapte son «Napoléon» pour la première fois, ajoutant séquences inédites et dialogues à la version originale. Il réitère l’exercice en 1971 – il s’agit alors de son dernier film – mais ces deux tentatives ne contribuent guère à l’amélioration esthétique du projet. Entre les deux premières versions déjà, nombres d’acteurs ont dû être remplacés, comme Antonin Artaud dans le rôle de Marat. A partir de pellicules récupérées, le film sera encore monté à plusieurs reprises à titre posthume, si bien qu’il existe aujourd’hui de nombreuses versions du film, durant entre deux heures – le film de 1935, diffusé par France 2 – et six heures pour la version montée par Marius Constant en 2001, offrant également un grand travail sur le son et les bandes composées exprès pour le film par Arthur Honegger. Si les premiers maîtres de l’histoire du cinéma ne s’effrayaient guère devant les œuvres fleuves, le projet initial de Gance défraye cependant toute concurrence: le film divisait la vie de Napoléon en huit tableaux, et devait durer huit heures… Finalement le cinéaste se concentre sur les trois premiers tableaux, qui n’en ont pas moins mobilisé des milliers de figurants! Le film est aussi le plus coûteux de son époque, Gance ayant inventé un procédé de polyvision, impliquant un tournage à trois caméras pour une projection sur trois écrans disposés côte à côte. Or les salles n’ont jamais pu s’équiper du matériel nécessaire pour ce type de projection… Un film titanesque, à l’image de son objet comme de son auteur!

d’Abel Gance
France, 1935, 2h05