Scènes de la vie conjugale

A voir lundi 27 juillet 2015 à 20h50 sur Arte |

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Disparu en 2007, le réalisateur suédois Ingmar Bergman, avec quelques autres, a fait accéder le cinéma à sa modernité. Cinéaste du bilan, Bergman n’a eu de cesse de s’interroger sur le sens de la vie. Sous son impulsion, l’art du temps et de la durée s’est substitué à celui de l’espace qui était l’apanage du cinéma classique.

Bergman a fait de l’incommunicabilité son thème de prédilection en l’inscrivant dans le rapport de couple, tout en déclarant le septième art impuissant à éclaircir l’énigme du monde, une sorte de non-lieu métaphysique plutôt éprouvant à vivre, mais des plus salubres!

Tourné un an après le terrible «Cris et chuchotements», «Scènes de la vie conjugale» (1973) est à l’origine un feuilleton de six épisodes de cinquante minutes réalisé pour la télévision suédoise. En parallèle, Bergman a conçu un montage condensé pour une sortie en salles qui, dans la plupart des pays, a précédé la diffusion du feuilleton.

Cette version cinématographique dure deux heures cinquante. Si celle-ci laisse de côté quelques scènes importantes et de nombreuses péripéties, elle métamorphose la série en un face à face donné presque à huis-clos, qui voit se défaire un couple «idéal» par secousses successives. Marianne (Liv Ullmann) est avocate, Johann (Erland Josephson), professeur. Parents de deux filles, ils n’ont qu’un seul désir, «que rien ne change», bien calés qu’ils sont dans leur zone de confort.

Les premières lézardes sont infimes, Marianne se sent des envies de rompre avec le train-train quotidien. De son côté, Johann, fait preuve d’une nervosité inhabituelle, jusqu’au jour où il annonce à sa femme qu’il ne l’aime plus, qu’il a une maîtresse et a décidé de vivre «à l’essai» pendant quelques mois avec elle. La déflagration est terrible et fait exploser le piédestal conjugal sur lequel ils posaient sans trop se poser de questions… A ce qu’il paraît, maints couples scandinaves ont trouvé le courage de divorcer, après avoir découvert ce grand «film-catastrophe», certes douloureux, mais combien salutaire

Sur les ruines de leur mariage, Marianne et Johann vont pourtant tenter de s’aimer autrement… Quelque trente ans après, Bergman rajoutera une sorte de codicille à «Scènes de la vie conjugale» avec le cruel «Sarabande» (2003), faisant des retrouvailles de Johann et de Marianne un moment très fort, où la tendresse le dispute à l’idée de régler ses comptes une dernière fois…

Scener ur ett äktenskap
de Ingmar Bergman
Suède, 1973, 2h33