Shortbus

A voir mercredi 22 juin à 23h15 sur Arte

Auteur du récent «Rabbit Hole» où il a dirigé la star Nicole Kidman, le cinéaste indépendant John Cameron Mitchell s’est fait connaître en 2006 grâce à «Shortbus», comédie sulfureuse relevant d’un tout autre registre… Elevé dans un milieu catholique et militaire très strict, Mitchell dit avoir voulu faire un film sur le sexe et l’amour «qui ne s’autocensure en rien». En 2001, l’intéressé s’était fait déjà remarquer en adaptant un musical de Broadway qui narrait la tournée américaine d’un transsexuel est-allemand devenu une star mondiale du rock. Après avoir produit l’autofiction de son camarade d’introversion Jonathan Caouette («Tarnation»), Mitchell s’est lancé dans un casting d’un type inédit pour son deuxième long-métrage. Se méfiant des stars hollywoodiennes qui «n’ont pas de sexualité», il a recruté par voie de presse ses acteurs. En guise d’essai, ces derniers devaient lui décrire une expérience sexuelle «importante sur le plan émotionnel». Prévenus de la teneur particulière de leur rôle, les comédiens retenus ont été ensuite invitée à participer à la création de leur personnage, mais pas seulement sur le plan sexuel… En résulte un film généreux qui fait la nique à la sinistrose engendrée par la peur du sida. Après avoir promené le spectateur dans une maquette enfantine de la ville de New York, Mitchell montre un orgasme solitaire et acrobatique peu ou prou feint, qui rassure complètement le spectateur sur la capacité du réalisateur à éviter l’écueil de la pornographie. C’est là l’enseignement principal de la tendre démonstration du cinéaste: le sexe peut se montrer de manière explicite sans pour autant être classé X… Il n’y a aucun plan rapproché dans ce film qui n’est jamais «sale»! Pour mémoire, le gros plan constitue la pierre angulaire de tout film porno. Bâti autour du personnage d’une sexologue «frigide», le scénario entrecroise les destins corporels de canards boiteux qui folâtrent dans une boîte privée, le «Shortbus» justement. Une panne d’électricité ramènera un peu de ferveur affective dans les étreintes… Le titre du film évoque les célèbres cars scolaires que connaissent bien tous les parents américains. Les élèves normaux empruntent le «Schoolbus» très vaste et de couleur jaune. Les handicapés, surdoués ou caractériels sont relégués dans le «Shortbus», plus petit, qui suit toujours le «Schoolbus»!

de John Cameron Mitchell
Etats-Unis, 2005, 1h42