A voir mercredi 29 février 2012 à 20h35 sur Arte
Malgré son apparente reddition à la Chine continentale, le cinéma «made in HongKong» continue à produire nombre d’œuvres à l’indépendance et à la modernité fascinante. Présenté dans le cadre de la Compétition asiatique, «Sparrow» en fait la preuve. Né en 1955, Johnny To compte à ce jour presque une cinquantaine de longs-métrages au compteur. Actif depuis 1989, il connaît aujourd’hui une notoriété internationale due en bonne partie au DVD, en tout cas en Suisse où aucun de ses films n’ont bénéficié d’une distribution en salles, le lieu où ils expriment tout leur potentiel visuel. Spécialiste déclaré du cinéma d’action, To donne la primauté au sensible, à la description, même si son propos reste toujours très actuel, comme le montre l’étonnant «Breaking News» (2004) qui fait du travail de la police un véritable show télévisé. Dans son abondante filmographie, le très gracieux «Sparrow» est un peu à part et se révèle d’autant plus passionnant.
Taiwanaise émigrée, la très belle Chun Lei (Kelly Lynn) est retenue en «otage» par son mari, un vieil Hongkongais fortuné qui a séquestré ses papiers d’identité. Faisant claquer ses talons aiguilles dans les ruelles mal famées de l’ex-colonie britannique, la jeune femme réussit sans mal à séduire un photographe pickpocket du nom de Kei (Simon Yam). C’est lui le «moineau» du titre, «sparrow» étant le nom d’oiseau dont on affuble les voleurs à la tire à HongKong. Flanqué de trois complices, Kei, tout énamouré, va dérober la clef du coffre-fort où est enfermé le passeport de l’infortunée qui espère recouvrer sa liberté. La manœuvre réussit parfaitement, mais provoque une magistrale partie de poker menteur qui réhabilite même, un tant soit peu, le déplaisant mari séquestreur.
Le réalisateur de «Election» (2005) filme ces jeux de mains pas trop vilains avec une légèreté aérienne et virtuose, jusqu’à égaler Robert Bresson et son pourtant insurpassable «Pickpocket» (1959)! En filigrane du ballet mené par ses élégants détrousseurs, To dresse un portrait mélancolique de sa ville natale, dont il pressent qu’elle ne survivra sans doute pas à la rétrocession totale fixée en 2046.
de Johnnie To
Hong Kong, 2008, 1h27