Tout est illuminé

A voir mardi 7 juin à 23h35 sur TSR 1

Espérons que le titre lumineux du premier film de Liev Schreiber sera à même d’attirer, tel un papillon de nuit, le téléspectateur, car «Tout est illuminé» réussit la gageure de transposer à l’écran de façon assez convaincante un bouquin réputé inadaptable (paru en 2003 aux éditions de l’Olivier). Le roman éponyme de Jonathan Safran Soer retrace le voyage picaresque de Jonathan (Elija Wood), un jeune américain juif dévoré de phobies, parti en Ukraine pour retrouver la trace d’une femme qui aurait sauvé son grand-père des griffes des nazis. Notre voyageur a pour guide Alex (Eugène Hutz), un jeune Ukrainien fasciné par la culture américaine. Transbahuté dans la guimbarde conduite par le grand-père fantasque (et antisémite) d’Alex, Jonathan découvre un pays en proie à une acculturation accélérée. Comment espérer accomplir son devoir de mémoire dans ce véritable maelström social engloutissant des pans entiers d’un passé collectif qui soubresaute encore? Cet appariement audacieux entre l’enfouissement de la Shoa et le refoulement frénétique du communisme constitue le point fort du film échevelé de Schreiber, jusque-là acteur juif américain commis à des rôles décalés (la trilogie «Scream»). De son côté, Elija Wood fait enfin oublier Frodon en composant un Jonathan bouleversant de maniaqueries significatives.

Everything Is Illuminated
de Liev Schreiber
Etats-Unis, 2004, 1h42