A voir jeudi 1er mars 2012 à 23h45 sur France 3
Prévu au départ comme une comédie musicale, «Un Roi à New York» (1957) est devenu par la force des choses un pied de nez amer et souriant adressé par Charlie Chaplin aux autorités étasuniennes qui l’ont contraint à l’exil dès 1952. Sept ans plus tard, le réalisateur des «Lumières de la ville» se venge de cette humiliation avec les armes du rire, en tournant à Londres une «bouffonnerie» dont la cible principale est l’intolérance.
Après une révolution qui l’a obligé à quitter l’Estrovie, le roi Igor Shahdov (Charlie Chaplin) se rend à New York, presque ruiné. Pour survivre, le pauvre Igor doit composer avec un «american way of life» peu jouasse. Au cours de ses pérégrinations, le monarque déchu fait la connaissance de Ruppert, un petit garçon surdoué et dogmatique dont les parents, sympathisants communistes, ont été arrêtés. Soupçonné à son tour, Igor doit passer devant une commission enquêtant sur de soi-disant activités antiaméricaines. La verve comique du créateur de Charlot va transformer l’interrogatoire en un sommet de drôlerie…
A la fois critique féroce du maccarthysme et du consumérisme, «Un Roi à New York» passe du rire à l’indignation sans crier gare. En 1921, l’enfant du «Kid» était victime de la pauvreté et de la misère. En 1957, le petit Ruppert est dégradé par la tromperie et la délation des «braves citoyens». Avant-dernier film de Chaplin, l’ultime dont il joue le rôle principal, cette ode acide témoigne du ressentiment légitime du «petit homme» qui avait fait rire toute l’Amérique, avant d’être vouée aux gémonies.
A King in New York
de Charles Spencer Chaplin
Grande-Bretagne, 1957, 1h46