Wall Street : l’argent ne dort jamais

A voir dimanche 14 février 2016 à 18h20 sur RTL9 |

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En 2001, Gordon Gekko (Michael Douglas impeccable) sort de sa geôle, après avoir purgé la peine que lui a value le délit d’initié qu’il a perpétré dans le premier volet. Alors qu’on lui restitue ses maigres affaires, l’ex-faux prophète du Down Jones a un sacré coup de blues en retrouvant son mobile de «Neandertal»!

Fils d’un ancien financier qui avait pignon sur rue à Wall Street, le réalisateur Oliver Stone délaisse pourtant ce registre réjouissant de cruauté pour sauter quelques années et s’égarer un brin dans un mélo familial parfois assez plan-plan. Donc huit ans plus tard, Gekko, revenu calmement aux affaires, voit le régulier de sa fille Winnie (Carey Mulligan) l’appeler à son secours. L’ex-requin de la finance hésite à la lui accorder car, autrefois, tout à ses occupations très douteuses, il ne s’est guère occupé de sa fille qui lui voue depuis lors une haine irréductible. Pourtant le jeunot aurait grandement besoin de son aide. Apôtre d’un monde de la finance purifié, Jake Moore (Shia LaBeouf) lève en effet des fonds «propres» pour développer des projets à but écologique. Il a pour mentor bienveillant, le banquier Louis Zabel (excellent Frank Langella) dont la fortune colossale est menacée par les viles menées de son concurrent Bretton James (Josh Brolin)…

Le brûlot attendu ne boute hélas jamais le feu à un système qui a pourtant fait ses preuves dans le domaine de l’irresponsabilité et de l’égoïsme depuis le scandale des «subprimes». Malgré sa réputation sulfureuse, le réalisateur de «Tueurs nés» (1984) garde la main très légère dans la dénonciation des travers de l’économie virtuelle. Il revient à la seule mère de Jake (Susan Sarandon, fabuleuse en agente immobilière irresponsable) de nous rappeler les dommages «collatéraux» causés par les savants égarements des «sorciers» de Wall Street. C’est trop peu, surtout en regard du «Wall Street» de 1987, qui déposait le bilan moral des années Reagan avec un sens de l’anticipation ravageur.

Wall Street: Money Never Sleeps
de Oliver Stone
Etats-Unis, 2010, 2h11